Aider mon enfant à bien porter le masque
Comment puis-je convaincre mon enfant de porter le masque sans l’effrayer ?
Les enfants comprennent bien mieux les choses qu’on ne le pense et ils ont une excellente capacité d’adaptation. Ils sont habitués à voir les adultes et les adolescents porter le masque depuis le printemps et ils savent déjà pas mal de choses sur le virus. Il faut donc leur parler de la façon la plus simple et factuelle possible, sans exagérer, culpabiliser ou… affoler. Même si c’est tentant, on évite le « si tu ne le portes pas, tu risques d’être gravement malade ou de contaminer les autres. »
On peut facilement leur expliquer que :
Le masque sert à se protéger et à protéger les autres – Le sentiment de faire partie d’un groupe (famille, classe, groupe de sport) est important pour l’enfant dès 5-6 ans. Comme il est naturellement sociable, empathique et bienveillant, il aura à coeur de contribuer à la bonne santé de ceux qui l’entourent. En outre, on peut compter sur un effet d' »entrainement » : les enfants aiment faire « comme les autres » et ça les rassure de se conformer à une règle commune.
On porte le masque pour faire comme les grands et pour être responsable des autres – Cela les valorise et augmente leur estime d’eux-mêmes.
Le masque nous protège aussi d’autres maladies bien embêtantes (même si l’on n’en a plus peur aujourd’hui) comme la grippe, l’angine ou la rhino, etc. On peut ainsi expliquer à son enfant qu’il vaut mieux se protéger contre les maladies plutôt que de devoir se soigner. Et aussi que ces virus là ne sont pas plus dangereux pour nous car on les connaît bien… ce qui n’est pas encore le cas du Covid-19. Mais ne saurait tarder.
A éviter : parfois, les adultes tentent de « relativiser » et comparent le nombre de malades du Covid-19 à celui des victimes de cancer, tabagisme, accidents de la route, famine… Attention, c’est anxiogène : les enfants risquent surtout de comprendre que le monde est plein de menaces.
Comment faire pour qu’il le porte « bien », dans le respect des « règles » ?
Commencer par être rigoureux soi-même et montrer le bon exemple à son enfant ! Ensuite, rappeler les règles régulièrement, calmement. Ne pas hésiter à refaire les gestes pour montrer à l’enfant comment s’y prendre. C’est une bonne idée aussi de le solliciter – « montre moi comment tu fais ! » et de reproduire les gestes avec lui, devant le miroir.
On peut laisser l’enfant choisir son masque, dans la mesure du possible. Mais si ce masque ne lui convient pas à l’usage, on ne devra pas le lui en imposer le port. OK, c’est contrariant… pour vous, mais aussi pour lui ! Alors on remballe son « tu l’as choisi donc tu le portes » et on cherche plutôt à savoir ce qui ne convient pas pour choisir le bon masque, cette fois !
Enfin, on insiste sur le fait que le masque est un effet personnel (comme une brosse à dents ou le doudou). Et que par conséquent, on ne l’échange pas en cours de journée avec les copains (c’est trop dégoûtant !)
Quel masque choisir pour/avec mon enfant ?
Le mieux, quand on peut et si l’enfant le souhaite, c’est de l’associer au choix. On opte pour un masque à sa taille, chirurgical (léger), pour qu’il soit efficace tout en limitant la gêne. Si l’on préfère un masque en tissu, on veillera à ce que celui-ci ne soit ni trop épais, ni trop… extravagant ! On rappelle en effet à l’enfant que le masque n’est pas un « jouet » et qu’il ne doit pas l’empêcher de travailler à l’école ni susciter trop d’intérêt auprès des copains… On peut choisir un masque « sobre » pour l’école et un rigolo pour l’extérieur.
Il est également possible de confectionner un masque en tissu avec l’enfant : la couture est un excellent exercice de motricité, d’organisation visuo-spatiale, de mathématiques… et quelle fierté de l’avoir réalisé ensemble !
Toutefois, ayez en tête que plus son masque est précieux pour lui, plus il sera triste s’il le perd… or un masque reste un objet usuel. Il faudra donc trouver un juste équilibre !
Comment dois-je réagir s’il commence à me dire que ça le gratte, que ça l’empêche de respirer, que ça le gêne… ?
Surtout, on accueille son ressenti et on ne nie pas (ce n’est pas parce que nous-mêmes ne ressentons aucune gêne qu’il en va de même pour les autres, notre enfant compris !) Ensuite, on l’écoute et on essaie de trouver une solution en lui faisant essayer d’autres modèles que le sien, d’autres matières. Et surtout, là encore, on ne l’oblige pas à porter un masque au prétexte qu’on l’a payé cher ou qu’on l’a acheté en plusieurs exemplaires (une affaire… dont on fera profiter des parents ou des amis !)
Mais s’il ne pense qu’à ça, apprenez-lui à rediriger sa pensée, autrement dit à se concentrer sur autre chose. Invitez-le à fermer les yeux pour s’imaginer faire ce qu’il aime : courir ou grand air, s’amuser au square… ou proposez-lui un exercice d’attention comme « s’ancrer dans le sol comme un arbre » afin qu’il se concentre sur ses sensations (les pieds sur le sol, les fesses sur la chaise, les coudes sur la table…) et sa respiration. Vous pouvez aussi improviser un concours de grimaces en tous genres : c’est parfait pour détendre les muscles du visage et délicieusement transgressif puisqu’on peut tirer la langue dans la rue sans être vu. Et ça, c’est vraiment chouette !
Que faire s’il ne veut plus le porter ?
On écoute ses raisons, on essaye de comprendre et de trouver une solution si ce refus trouve son origine dans une gêne par exemple.
Ensuite, on temporise en rappelant à l’enfant que le masque doit être porté dans les espaces publics mais pas à la maison. Et ça, c’est vraiment une chance. 🙂
Après lui avoir rappelé les raisons de porter le masque, on peut aussi lui expliquer que parfois, on n’a pas le choix et que les autres choisissent pour nous. En l’occurrence, le gouvernement choisit pour les citoyens et… personne n’a le choix, ni les enfants, ni les adultes. Bref : dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l’on veut !
Enfin, si pitchoune fait de la résistance, expliquez-lui que certaines règles ne sont pas discutables et que, s’il a le droit de ne pas être d’accord et de le faire savoir, il a (comme tout le monde) des devoirs et des obligations. C’est ce qu’on appelle la citoyenneté. S’ils sont « les adultes de demain »1, « les enfants sont des citoyens d’aujourd’hui »2.
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1 Maria Montessori
2 Loris Malaguzzi