Le goût des enfants
Le goût chez les bébés et les nourrissons
Le sens du goût apparaît précocement au cours du développement fœtal, au 1er trimestre, entre la 7ème et la 15ème semaine de vie intra-utérine, dès qu’apparaissent les papilles gustatives qui permettent de distinguer les saveurs sucrée, salée, acide et amère. Le fœtus commence donc à développer son goût par le biais du goût du liquide amniotique qu’il avale pendant sa vie intra-utérine. Tous les bébés ne naissent donc pas avec le même goût puisqu’ils ont eu deux trimestres pour commencer à développer leur préférence gustative en fonction de ce qu’a mangé leur mère pendant sa grossesse.
Cependant, de façon universelle, tous les bébés naissent d’instinct avec une appétence particulière pour le gras et le sucré et à contrario un dégoût pour l’acide et l’amer. Ceci a probablement une origine adaptative : les bébés sont instinctivement attirés par l’alimentation qui leur est bénéfique, c’est-à-dire le lait, et rejettent les aliments acides et amers potentiellement toxiques.
La néophobie alimentaire
De la naissance à 18 mois, les bébés acceptent facilement de goûter ce qu’on leur tend à manger. Vers l’âge de 18-24 mois ils deviennent plus difficiles : c’est la néophobie alimentaire.
C’est un phénomène universel et normal qui touche une grande majorité des enfants entre 2 ans (début de la période d’opposition) et 10 ans, avec un pic aux alentours de 6 ans. Pendant cette période, les enfants sont très réticents à goûter de nouvelles saveurs et se méfient des aliments qu’ils ne connaissent pas. Ils deviennent très sélectifs, n’hésitant pas à trier la nourriture. L’origine de ce phénomène serait elle aussi adaptative : l’enfant se protège d’instinct d’éventuels aliments toxiques.
► Un parent a donc tout intérêt à faire goûter un maximum de saveurs et de textures avant l’âge de 2 ans pour que l’enfant mange de tout et avec plaisir une fois plus grand.
L’apprentissage du goût chez les enfants
De même que les nourrissons ont une appétence naturelle pour le lait, les enfants plus grands ont une préférence quasi universelle pour les aliments gras et sucrés, les féculents et certaines viandes (poulet et steak hachés en France) et un dégoût pour les aliments à forte saveur et pour les légumes. Heureusement, il est possible d’éduquer les enfants aux goûts différents.
Eduquer les grands enfants aux goûts différents se fait sur un modèle proche de celui de la diversification de l’alimentation du nourrisson. Chez certains enfants aux goûts difficiles, le repas peut devenir un casse-tête. Voici quelques conseils simples pour vous aider à éduquer votre enfant à la variété des saveurs :
► Diversifier son alimentation précocement quand il est nourrisson pour développer sa palette gustative avant l’âge de 2 ans.
► Prendre le repas dans le calme et en famille : le moment du repas doit être un moment chaleureux et tranquille.
► N’intégrer qu’un seul nouvel aliment par repas.
► Faire goûter de tout systématiquement.
► Ne pas le forcer à finir s’il n’aime pas. En effet, les enfants ne se laissent pas mourir de faim : quand ils mangent peu à un repas, ils se rattrapent à celui d’après. Cependant, prenez garde à ne pas laisser traîner à portée de main des aliments inadaptés (trop sucrés, trop gras) avec lesquels il serait tenté de compenser. Votre enfant doit apprendre à manger pendant les repas (petit-déjeuner, déjeuner, goûter de 16h et dîner) et à ne pas grignoter entre les repas.
► Ne pas hésiter à re-proposer à plusieurs repas un aliment refusé de prime abord. En effet, il est souvent très rentable d’être persévérant car les enfants ont besoin de se familiariser avec les aliments avant d’apprendre à les apprécier.
► Tous les enfants sont différents, donc respectez le rythme de chacun.
► Soyez ludique : pour qu’un aliment ait une chance d’être goûté par un enfant, mieux vaut qu’il soit joli à regarder et de texture agréable… à vous d’être créatif. Vous pouvez aussi le faire participer à la préparation du repas : les enfants aiment goûter ce qu’ils ont fièrement aidé à préparer avec leurs parents.
► Montrez l’exemple ! Comment imaginer faire goûter à un enfant un aliment que vous-même ne consommez pas ?