Endométriose : avoir un bébé, c’est possible !

En France, l’endométriose toucherait environ 10 % des femmes en âge de procréer, soit quelque 2,5 millions de personnes. Or, parmi elles, 30 % à 40 % sont confrontées à l’infertilité. Que faire quand le diagnostic tombe ? Quelles sont les solutions proposées aux femmes ?


Les réponses de Yasmine Candau présidente d’EndoFrance, l’association française de lutte contre l’endométriose.

30 à 40 % des femmes atteintes d’endométriose sont infertiles : pourquoi ?

L’endométriose impacte la fertilité de deux manières. D’une part, lorsque les lésions d’endométriose grossissent, elles endommagent les organes en créant des adhérences qui les déforment ou les « collent » les uns aux autres : il est ainsi fréquent d’observer des ovaires soudés aux trompes, elles-mêmes fixées sur l’utérus, lequel peut encore être accolé au rectum ou à la vessie… Dans ces conditions, les étapes de la reproduction sont gravement affectées : l’ovaire peut difficilement libérer un ovule ; la rencontre d’un spermatozoïde et d’un ovule est improbable si la trompe est obstruée…

D’autre part, il existe une cause « chimique » à cette infertilité. En effet, tous les mois au moment des règles, des micro hémorragies surviennent au niveau des lésions d’endométriose. Celles-ci se mettent à saigner dans le ventre, mais le sang n’est pas évacué par l’organisme, générant cycle après cycle un climat extrêmement inflammatoire, délétère pour la fécondation. C’est ainsi qu’il arrive que des femmes comprennent qu’elles sont atteintes d’endométriose, au moment d’un bilan de fertilité. En effet, dans 70 % des cas, la douleur pendant les règles, invalidante, est le principal symptôme de l’endométriose (lire notre article pour comprendre la pathologie en profondeur). Mais dans 30 % des cas, la maladie évolue sans bruit, de façon asymptomatique : la douleur n’est pas un problème mais la maladie est là.

A quel moment pose-t-on un diagnostic d’infertilité chez une femme souffrant d’endométriose ?

Comme pour tous les couples lambda, quand aucune grossesse ne survient au terme d’un an d’essais réguliers pour avoir un bébé, on doit s’interroger sur les causes de cette infertilité possible. Et c’est parfois dans ce contexte, donc, que l’on découvre l’endométriose.

Généralement c’est le médecin de PMA (procréation médicalement assistée) qui pose le diagnostic. Selon les résultats des examens -imagerie, bilan de la réserve ovarienne, état général de la patiente et spermogramme du conjoint – il pourra orienter immédiatement la patiente vers un protocole AMP (assistance médicale à ma procréation) : stimulation de l’ovulation / insémination artificielle ou fécondation in vitro (FIV). S’il découvre des hydrosalpinx (accumulation de liquide dans les trompes) ou toute autre anomalie, il pourra proposer une chirurgie. Si à l’arrêt de la pilule ou ensuite, au moment de la stimulation, les douleurs perturbent la vie de la patiente, il incombe au médecin de la confier à une équipe spécialiste de l’endométriose qui évaluera la pertinence d’une intervention chirurgicale.

Quelles sont les différences entre les options proposées à une femme souffrant d’endométriose qui souhaite avoir un enfant ?

 Chaque cas est unique et la décision de choisir l’une ou l’autre des options doit résulter d’un dialogue entre la patiente et son médecin. En fonction de l’histoire de la femme et de son parcours de vie, le médecin privilégiera une approche plutôt qu’une autre. Quand la douleur n’est pas bloquante, c’est plutôt l’Assistance médicale à la procréation. Si la douleur empêche tout rapport sexuel et que la qualité de vie est amoindrie, alors on pourrait proposer une chirurgie qui supprimera les lésions.

Dans les deux cas, AMP ou chirurgie, les taux de grossesses oscillent entre 60 et 70 % de réussite selon les études.

L’endométriose peut-elle poser des problèmes pendant la grossesse ?

Heureusement, la majorité des grossesses se passe bien ! La grossesse génère une mise en sommeil de la maladie : les lésions ne saignent plus et les douleurs s’apaisent. Il arrive toutefois que pendant qu’elles sont enceintes certaines femmes ressentent des douleurs dues aux adhérences au fur et à mesure du développement du fœtus. En revanche, le retour de couches peut entrainer un réveil de l’endométriose.

Y-a-t-il des risques particuliers pendant l’accouchement ?

La plupart des femmes atteintes d’endométriose accouchent sans aucun souci. Toutefois, quand les patientes ont préalablement subi une intervention chirurgicale, le risque existe que certaines sutures ne tiennent pas lors des contractions, durant le travail : une césarienne leur est alors proposée. Il existe aussi de rares cas de ruptures utérines dues à des chirurgies qui ont fragilisé l’utérus.
Enfin, l’Inserm a évoqué un lien entre endométriose/adénomyose (endométriose qui reste dans le muscle de l’utérus) et fausse couche ou accouchement prématuré. Mais il est important de souligner que l’endométriose entrave la fertilité, mais ne rime pas avec infertilité !

Le point sur la préservation de la fertilité :

Aujourd’hui, les femmes souffrant d’endométriose peuvent bénéficier des différentes méthodes de préservation de leur fertilité :

La vitrification des ovocytes 

Après un traitement hormonal de stimulation, on prélève des ovocytes, lesquels sont vitrifiés, c’est-à-dire congelés ultra rapidement dans un bain d’azote à -196°.

La conservation du tissu ovarien

On prélève du tissu ovarien au cours d’une coelioscopie, pour le congeler. On peut par la suite le transplanter pour restaurer la fonction ovarienne.

La cryopréservation d’embryons 

Les embryons sont congelés à -196° en vue d’une fécondation in vitro.

Les différentes techniques de l’assistance médicale à la procréation :

L’insémination artificielle 

Le sperme du géniteur est recueilli et préparé avant d’être injecté directement dans l’utérus au moment de l’ovulation, la femme ayant auparavant suivi un programme de stimulation ovarienne.

La fécondation in vitro 

Après stimulation ovarienne, les follicules matures sont prélevés avant de rejoindre un laboratoire où spermatozoïde et ovule seront mis en contact. Quelques jours plus tard, l’embryon est implanté dans l’utérus de la femme.

La FIV ISCI 

On injecte un spermatozoïde dans le cytoplasme de l’ovule, forçant ainsi la fécondation.

En savoir plus :

www.endofrance.org

www.procreation-medicale.fr

https://www.inserm.fr /dossier/infertilite/

Y. Candau ; C. Chapron Idées reçues sur l’endométriose, éditions Cavalier bleu.

Cet article à été rédigé avec la participation de :
Yasmine Candau présidente d’EndoFrance, l’association française de lutte contre l’endométriose

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